sabre des marins du corps des matelots de la Garde Imperiale 1804-1805

Origine et création du corps

• Le corps des Marins de la Garde Impériale a été créé dans le cadre du grand projet de débarquement en Angleterre lors du camp de Boulogne (1803-1805).

• Son rôle initial était d’assurer le transport et la sécurité du Premier consul (Napoléon Bonaparte) et de son état-major sur les bâtiments de la flottille nationale.

• Le décret de création date du 3e fructidor an XI (septembre 1803), et le corps est nommé bataillon des matelots de la garde consulaire.

• Il est rattaché à la garde des Consuls, qui avait été organisée en l’an VIII (1799-1800).

Organisation et effectifs

• À sa création, le bataillon est composé de cinq équipages.

• L’effectif total, officiers compris, est de 737 hommes.

• En thermidor et fructidor an XII (1804), les effectifs augmentent pour atteindre 818 hommes.

• La garde consulaire devient impériale après le sacre de Napoléon en 1804, et le corps prend le nom de bataillon des marins de la garde impériale.

• En 1810, les effectifs sont portés à 1 136 hommes, et le terme "équipage" est abandonné au profit de huit compagnies.

• Le corps est réorganisé à plusieurs reprises, notamment après la capitulation de Baylen (1808) et en 1813.

• Il est dissous en 1814, puis brièvement recréé pendant les Cent-Jours (1815), avant d’être définitivement dissous en juin 1815.

Armement

• À sa création, l’armement des matelots est typiquement maritime, conformément aux habitudes de la marine :

  • Trois types d’armes blanches sont prévus :

    • Un sabre (pour un tiers de l’effectif).

    • Une hache (pour un tiers de l’effectif).

    • Une pique (pour un tiers de l’effectif).

  • Tous les matelots sont également équipés d’un pistolet.

• Après l’abandon du camp de Boulogne (1805), cet armement maritime n’est plus justifié. Les marins reçoivent alors :

  • Un fusil à garnitures en laiton.

  • Un sabre d’un modèle très particulier, qui devient une distinction honorifique pour ce corps.

Rôle et utilité

• Bien que créé pour le projet de débarquement en Angleterre, le corps a continué à exister après l’abandon de ce projet.

• Son utilité est devenue moins évidente après 1805, bien qu’il ait participé à des opérations militaires, comme le passage du Danube et la visite de l’empereur à Anvers.

Le sabre des Marins de la Garde Impériale

Le sabre des Marins de la Garde Impériale est une arme à la fois élégante et distinctive, conçue pour refléter le statut particulier de ce corps d’élite. Voici une description détaillée de ses caractéristiques et de son histoire :

Caractéristiques techniques

• Lame :

  • Longueur : 70,4 cm.

  • Largeur maximale : 4,1 cm.

  • Courbure : très prononcée.

  • Fabrication : La lame est produite par la Manufacture de Klingenthal

  • Gravures :

    • L’inscription "Garde Impériale" est gravée sur la lame, accompagnée d’un décor composé de deux ancres avec câble et d’un entourage de palmette

• Matériau : laiton fondu.

• Structure : Une seule branche de garde, se prolongeant pour former le quillon (une monture classique pour l’époque).

• Oreillons : Deux oreillons sont présents pour mieux assujettir le sabre dans son fourreau. L’oreillon extérieur est gravé d’une ancre, symbole maritime par excellence.

• Poignée : Gainée de cuir noir, elle est garnie d’un filigrane constitué d’un simple fil de laiton.

• Poinçon : Le poinçon Duc, le fourbisseur officiel, est frappé sur le quillon.

• • Matériau : Cuir noir, avec des garnitures en laiton.

  • Bouterolle : Longue et terminée par un dard à contour décoratif, bien que cet élément soit plus esthétique que fonctionnel.

  • Anneaux de bélière : Deux anneaux sont fixés sur le fourreau, l’un sur un bracelet large et l’autre sur une chape longue, permettant de porter le sabre de manière traditionnelle.

Historique et particularités

• Design et inspiration :

  • Le sabre est sobre mais esthétiquement réussi, avec des éléments décoratifs rappelant l’origine maritime du corps (ancres, cordages).

  • Son design pourrait avoir été inspiré par le dolman à brandebourgs des hussards, ou inversement, avoir influencé ce dernier.

• Variantes :

  • Quelques variantes du sabre sont connues, notamment des modèles avec :

    • Poignée en peau de requin.

    • Filigrane torsadé au lieu du fil de laiton droit.

    • Garnitures du fourreau échancrées ou à filets.

    • Oreillon gravé de haches en sautoir au lieu de l’ancre.

• Postérité :

  • Ce sabre a inspiré une version réduite pour les milices garde-côtes sous le règne de Louis-Philippe (1830-1848), témoignant de son influence durable.